Quand Salvador Allende assume la présidence du Chili en novembre 1970, il trouve un pays profondément soumis aux alignements de la Guerre froide, où le soutien aux positions de Washington est la règle et où le Pentagone est le principal fournisseur d’armes. C’est celui- ci qui instruit et endoctrine les forces armées tandis que les échanges avec les pays socia- listes sont quasiment nuls.
Son gouvernement annonce une nouvelle politique étrangère de pluralisme idéologique. Celle-ci défend le principe d’autodétermination des peuples, la non-ingérence dans les af- faires intérieures des États, la non-prolifération des armes nucléaires et la détente est/ouest. Sans rompre avec un seul pays, le gouvernement chilien établit des relations diplomatiques avec 20 nouveaux pays, dont Cuba, la Chine, le Nigeria, la Tanzanie, le Zaïre, la République Démocratique Allemande et la Hongrie.
En même temps, il soutient les peuples qui luttent contre le colonialisme et cherche active- ment l’intégration latino-américaine. Le gouvernement entame des contacts avec la Bolivie, pour rétablir avec elle ses relations diplomatiques, et examine favorablement la demande d’accès à la mer de ce pays.
Il propose la création d’un « système latino-américain », sans les États-Unis. Doté d’une banque où les pays placeraient l’essentiel de leurs réserves en devises, il rechercherait des systèmes d’échange qui évitent de commercer en dollars, et examinerait la légitimité de la dette externe.
Ces idées sont sans doute avancées pour l’époque mais d’une impressionnante actualité. Ce colloque cherche à rappeler certains éléments essentiels figurant dans les propositions du gouvernement de l’Unité Populaire, particulièrement dans le domaine des relations interna- tionales, leur projection et leur pertinence, 40 ans plus tard.